Pourquoi prendre du recul?
Presque une question existentielle…
Alors, je tente de faire simple et surtout pratique!
Prendre du recul, c’est faire un pas en arrière, pour sortir de nos émotions et sentiments. Ça permet de relativiser et éviter de mettre le feu aux poudres.
Même si vous êtes derrière un écran, ce sont des humains qui vous lisent. Des humains avec un cœur et des émotions, des sentiments…comme vous.
Une des manières de prendre du recul est de penser à ce que d’autres ont vécu. Comme on dit souvent : quand on compare, on se console.
Qu’est-ce que le passé peut nous révéler?
Du duo de chez En Pratique…c’est Benoit Beaudet qui prend la parole cette fois-ci…enfin, le stylo.
Je partage avec vous l’histoire de mes deux grands-pères. Pas du tout avec une intention moralisatrice, loin de moi cette idée. Cependant, si ça permet un éclairage différent sur vos vies, c’est pari gagné pour moi 😊
Je vous présente Paul Beaudet et Louis Desvignes ; tous deux nés à la fin des années 1800, dans les environs de Lyon et de Mâcon (France).
Ce qu’ils ont en commun
À l’âge de 21 ans, ils servent trois ans « sous les drapeaux », puis la Première Guerre mondiale est déclarée. Ce n’est que huit ans plus tard qu’ils sont libres pour prendre leur vie en main.
Ils ont à peine le temps d’en profiter que la grippe espagnole fait rage en 1918. On dénombre plus de 50 millions de décès sur tous les continents.
Ils se marient en 1920 et passent toute leur vie avec leurs épouses.
À partir de 1929, à titre d’entrepreneurs, ils ressentiront les effets du krach de la bourse de New York et la crise économique qui s’en suit.
En 1933, ils sont témoins de la prise de pouvoir d’Hitler, de la montée du nazisme, puis de la Deuxième Guerre mondiale. Certains de leurs fils sont envoyés en Allemagne pour participer au service du travail obligatoire dans les usines d’armement.
Ils ont vécu sous plus de 129 gouvernements.
Ils sont décédés à plus de 90 ans. Comme de nombreuses familles de cette époque, leurs descendances se composent de plus de 50 petits enfants sans compter la multitude d’arrière-petits-enfants.
Ce qui les différencie
En 1929, Louis Desvignes, (alors père de sept enfants) se fait amputer les deux mains à la suite d’un accident de voiture. Malgré cela, il continue d’exercer son métier de tisserand dans son atelier lyonnais. Son épouse devient son bras droit.
Durant 52 ans, trois fois par jour, sa femme, ses filles et belles-filles se sont relayées pour l’aider à se nourrir.
Quelles valeurs les ont guidés?
Les dommages causés depuis 2020 sont bien réels :
- Des familles endeuillées
- Des entrepreneurs mettent la clé sous la porte
- La fragilité du système médical
- Des parents en détresse à cause de la précarité financière
Ce ne sont que quelques exemples. Vous avez certainement d’autres cas dans votre entourage pour rallonger la liste. Ne vous en privez pas!
On n’est pas des robots!
C’est tout à fait normal de réagir aux évènements de la vie. On est humains avec des émotions, des sentiments, des attentes…heureusement d’ailleurs!
Certains d’entre nous ont la mèche plus ou moins courte, suivant les sujets qui nous tiennent à cœur.
Nos enfants savent très bien ce qui est important (ou pas) pour nous. Ils jouent avec nos valeurs.
On a tous des valeurs
Les fameuses valeurs… Ce sont elles qui nous motivent ou démotivent.
Je vous propose de revisiter la vie de Paul Beaudet et Louis Desvignes à la lumière du modèle de valeurs de Schwartz.
Le psychologue social Shalom H. Schwartz et ses collègues ont mis à jour 19 valeurs individuelles fondamentales qui, selon leur théorie, incluraient l’ensemble des valeurs et seraient universelles. C’est-à-dire qu’elles se retrouveraient dans toutes les sociétés.
Les 19 valeurs sont regroupées au sein de quatre grandes familles : ouverture au changement, croissance personnelle, conservation et dépassement de soi.
Leur contexte social
À cette époque, en France, la vie reposait sur des valeurs de sécurité de la société et de conformité des règles. Le service militaire (d’une durée de trois ans) était obligatoire : hors de question de désobéir. La stabilité de l’ordre social était une priorité.
Leur contexte professionnel
Tous les deux en affaires avec des valeurs bien différentes :
- Tradition : Paul Beaudet incarne la deuxième génération de marchand de vin et de viticulteur. On devine le respect du métier exercé par sa famille.
- Autodétermination de la pensée: Louis Desvignes a monté sa business. On peut facilement décoder un désir d’indépendance dans l’action par le choix de ses propres buts.
Vos propres valeurs
Libre à vous de vous référer au modèle de valeur de Schwartz pour les identifier, les préciser, les hiérarchiser et voir celles qui sont complémentaires ou conflictuelles.
Un total de cinq est amplement suffisant pour vous guider.
- Quelles sont vos valeurs?
- De quelle manière vous les incarnez, autant dans votre vie personnelle que professionnelle?
- Comment vous en servez-vous dans le quotidien?
Prendre du recul
Vu de l’extérieur, on peut se demander si Paul Beaudet et Louis Desvignes ont eu une belle vie; s’ils ont été heureux?
Je peux témoigner haut et fort que oui ! Ils ont su trouver des journées de bonheur malgré les aléas personnels et sociétaux. Comme vous, ils ont vécu des frustrations, des moments de tristesse, d’accablement et aussi de joie, de plaisir et d’amour. Leurs valeurs les ont guidés durant toute leur vie.
Celles de la société et des générations actuelles ne sont définitivement pas les mêmes qu’il y a un siècle. C’est tout à fait normal, car nous évoluons. Et j’ai la conviction que les jeunes d’aujourd’hui sont merveilleux : ils vont faire mieux que les générations précédentes!